http://www.atilf.fr/dmf/definition/pis1 
     PIS1          PIS2     
FEW VIII 111b pectus
PIS, subst. masc.
[T-L : piz ; GD : pis1 ; DÉCT : piz ; FEW VIII, 111b : pectus ; TLF : XIII, 421b : pis2]

I. -

"Poitrine (siège du coeur)"

A. -

Au propre : Nabugodonosor figure Qu'il vit en songe une estature Grande et haute, qui la figure Horrible avoit, Et la teste d'or riche et pure, Les bras, le pis d'argenteüre, Ventre, cuisses de la faiture D'arein portoit, James de fer sus qu'elle estoit (MACH., R. Fort., c.1341, 37). ...l'espee ly fist couller dusquez ou pis (Hugues Capet Lab., c.1358, 122). Lors vint a son seigneur. Si le baise tout en plourant et triste de cuer que il ne disist un mot pour tout l'or du monde ; et prent son cor et lui met sur le pitz. (ARRAS, c.1392-1393, 23). Si joint l'escu au pitz et s'en vint vers lui, lance baissiee. (ARRAS, c.1392-1393, 40). ...les deux barons, qui furent de noble cuer et de haulte puissance, s'esloingnent l'un de l'autre, et joingnent les targes contre leurs pitz, et brandissent leurs lances, et estraingnent les costez, et s'embronchent les chiefs es heaumes, comme vassaulx duiz du mestier d'armes (ARRAS, c.1392-1393, 231). Nonpourtant il [le géant] haulse le pié et cuide ferir Gieffroy ou pitz. (ARRAS, c.1392-1393, 247). Et après disner, Gieffroy s'arma de toutes pieces, et puis demanda une estoile, que le chappellain qui lui avoit chantee la messe, tenoit, et la mist entour son col, et la croisa par devant son piz. (ARRAS, c.1392-1393, 297). Et quant cellui l'entent, si met la lance en arrest, et Gieffroy d'autre part, et se viennent encontrer par telle vertu qu'il n'y ot si bonne lance qui ne volast en troncons jusques en leurs poings. Et se viennent encontrer de corps, de pitz, d'espaules, et de chevaulx, et de testes, qu'il n'y ot cellui a qui les yeulx n'estincellassent en la teste. (ARRAS, c.1392-1393, 300). Item por le pish et por l'aleine entreclos, R. le jus de marroge blanc, se le cuis avuec bure en une paele, et chu bues tout chaut a enjeune. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 204). Ilz sont trois aornemens de l'espeuse : l'anel au doigt, la monile et affiquet au pics, la couronne au chief. Le premier note d'euvre la purité, car en sa main est son euvre, le second l'affection de purité, car au pis est l'affection. (Sacr. mar., c.1477-1481, 46).

 

-

Emmi/ parmi le pis. "En pleine poitrine" : Et en ce faisant son ennemy l'apperceut, et fiert le cheval des esperons, qu'il avoit si a main qu'a souhaitier, et baisse la lance, et va ferir Remondin enmy le pitz, ains qu'il s'en donnast garde, moult rudement, car il y mist toute sa force. (ARRAS, c.1392-1393, 62). Uriien fiert un Sarrasin de la lance tellement par my le piz qu'il lui perce le foye et le poumon. (ARRAS, c.1392-1393, 102).

 

-

Mettre la main au pis. "Mettre la main à la poitrine, sur le coeur, en signe de sincérité" : Car ce que vous dy et propos Est vray, j'en met la main au piz : S'en mentoie il m'en seroit pis. (Mir. parr., 1356, 20). Lors mist sa main desseur son pis Et dist : "Je ne vaurrai ja pis De dire ce que dire vueil, Et si veul adcomplir mon veuil : Vescy mon cuer ; se je pooie, Par ma foy, je le metteroie En vostre main pour l'emporter..." (MACH., Voir, 1364, 210). ...ouye la relacion du dit religieux et procureur de la dicte abbaye, à nous faicte en parole de prestre, la main mise au pis (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 14).

B. -

Au fig. "Partie profonde de l'être" : ...N'il n'est chose que povre gent Ne consentissent pour argent ; Et li riche font encor pis, Car il portent dedens lor pis Tant de mal et de felonnie, D'orgueil, d'avarice et d'envie, Qu'on ne le te porroit nombrer. (MACH., C. ami, 1357, 71). Mais ja ne diray de ma bouche Chose dont autres ait reprouche, Ne dont, sans cause, vaille pis. Ce que j'ay fait, vient de mon pis, De mon cuer, de ma conscience ; De moy n'arez autre sentence. (MACH., P. Alex., p.1369, 261).

 

-

"Intention, volonté" : Mes se la voiz estoit semblable que le sens humain ooit, si estoit le piz dessemblable (VIGNAY, Le Miroir historial C, 1333, III, 507).

II. -

"Mamelle d'une vache, pis" : La utilité procede de la melancolie pour ce qu'elle fluit a l'orifice de l'estomac en exprimant les humidités illec trouvees comme la femme exprime le laict des dois du piz de la vaiche. (Rég. santé corps C., 1480, 142).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin


© ATILF - CNRS & Université de Lorraine 2021
La présente ressource est produite et diffusée par l’ATILF à des fins de consultation pour l’enseignement et la recherche, à l’exclusion de toute exploitation commerciale. La citation d’un extrait de la ressource au sein d’une publication scientifique est autorisée sous condition de porter la mention suivante :
DMF : Dictionnaire du Moyen Français (DMF 2020), http://www.atilf.fr/dmf, ATILF - CNRS & Université de Lorraine.